On en rêvait, Get The Curse l'a fait. Un webzine qui nous sert autre chose que les sempiternels blocs promos obligatoires de l'électro mercantile. En se démarquant dans le futur du pas très enthousiasmant magazine Tsugi (encore que ce dernier est infiniment plus plaisant que la pitoyable nouvelle formule de Trax), on appréciera encore plus la ligne éditoriale de GTC.
Pour cette fin 2007, l'équipe de GTC a compilé une série de playlists en 4 parties où l'on apprend enfin (on finissait par désespérer) que le "Fabric 36" de Villalobos est avant tout un truc très très chiant !, que le "Untrue" de Burial c'est du Deep Forest pour les années 2000 (j'aime bien le premier LP de Burial mais je ne vois pas ce que ce second opus possède de plus, sans compter que je le trouve infiniment moins habité et que son background vocal r'n'b m'irrite), que le son M_nus semble usé jusqu'à la corde, et que l'imposture Justice nous insupporte méchamment avec leur daube pour les gamines de 12 ans rêvant d'acheter leur premier téléphone portable (cette dernière remarque n'engageant que moi).
Donc, enfin d'autres références que celles devant lesquelles la presse mondiale spécialisée s'est unanimenent enflammée sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Cette année 2007 fut musicalement d'une telle uniformisation, d'un tel consensus, qu'on se dit que c'est forcément parce qu'on se retrouve en face de quasi-révolutions musicales. Alors on teste, et là, problème : pas un seul à supporter la comparaison avec, au hasard, le "The Drift" signé Scott Walker !
Pour résumer 2007, on pourrait dire que c'est un top 7 formaté, propre à tous les webzines et magazines (jusqu'aux plus pointus, tel The Wire) : Robert Wyatt , Burial, Panda Bear, LCD Soundsystem, MIA, Battles, Ricardo Villalobos.
C'est donc pour mon plus grand plaisir que GTC ne cite pas non plus la bouillie sonore vulgaire et insipide du "Kala" de MIA (à ne surtout pas confondre avec la géniale Allemande MIA; pour en convenir, se référer à cette excellente chronique de Fabrice Vanoverberg). Triste époque qui veut que la représentaion multiculturaliste se retrouve louée sans distinction, même sous ses formes musicales les plus ineptes...
Pas de "Person Pitch" signé Panda Bear non plus; album sans doute brillant mais jamais touchant, et beaucoup moins trippant que ce qui a été écrit. Je trouve celui-ci parfois assujéti à une forme d'audace calculée. Et quant à nous servir qu'on tient en la personne de Noah Lennox (alias Panda Bear) le Brian Wilson de cette ère, on ne peut que rester sans voix. Il n'y pas le début d'un commencement de comparaison entre ces deux hommes. Pas de Battles non plus, responsables d'un math-rock remis au goût du jour mais pas novateur pour autant. Le meilleur de "ces incontournables albums de 2007" étant celui de LCD Soundsystem, qui n'est pas une complète réussite mais qui contient 3 ou 4 fabuleux morceaux qui laissent penser que James Murphy conserve une conception de l'épate (au sens noble) indéniable et qu'il faudra compter avec lui ces prochaines années.
Personnellement, je retiens l’immense et versatile "Overpowered" de la toujours plus sublime et raffinée Roisin Murphy sur laquelle le temps n'a pas prise et qui, en terme de choix artistiques, de stratégie de carrière successivement sabordée ou offensive - demeure un mystère insondable. Aucun disque en 2007 n'a été capable de ressusciter le terme "pop" avec autant d'exaltation, d'intelligence et de charme ! Au final, on retrouve une fois de plus, comme à chaque nouvel album de Moloko il y a quelques années, une Roisin transfigurée, dans la perpétuelle recherche de surprendre son auditoire. Avec aussi une volonté - peut être - de ratisser un peu plus large que par le passé (après la prise de risque de "Ruby Blue" co-réalisé avec Matthew Herbert). "Overpowered" est un grand disque joyeux, envoûtant, qui même s'il souffre de quelques tics stylistiques post-Timbaland (sur 2 morceaux), n'en demeure pas moins essentiel ces derniers mois dans un marasme incompréhensible où les critiques de la planète semblent s'être mis d'accord pour encenser sans broncher les mêmes noms.
Mais assez parlé de 2007, l'année qui commence annonce, et propose déjà, d'intenses et riches heures d'écoute !
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